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24 juin 2013

Les nourritures subtiles (Matthieu RICARD)

"Les médias renchérissent sur la fascination qu’exercent sur nos esprits les comportements violents, malveillants ou pervers. Le malfaiteur qui a commis un crime crapuleux fera plus parler de lui que le bénévole qui assiste des personnes âgées dans le même quartier. Ce constat s’explique sans doute par le fait que les atrocités nous choquent en raison même de leur déviance par rapport aux comportements ordinaires.

Ce qui est ainsi offert aux yeux du public n’est pas anodin. Des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie qui ont étudié pendant deux décennies l’influence de la télévision, ont montré que les téléspectateurs qui regardent constamment des actes négatifs manifestent une tendance accrue à agir de la même façon, et que, plus on regarde la télévision, plus on est enclin à penser que les gens sont égoïstes et qu’ils nous tromperaient à la première occasion. Bien avant l’âge de l’audiovisuel, Cicéron observait : "Si nous sommes contraints, à chaque instant, de contempler ou d’entendre parler d’événements horribles, ce flot ininterrompu d’impressions détestables privera même les plus humains d’entre nous de tout respect pour l’humanité."

A l’opposé, quand les médias prennent la peine de mettre en valeur les aspects généreux de la nature humaine, les spectateurs entrent aisément en résonance avec cette approche positive. Ainsi, la récente série intitulée « Héros de CNN », connaît un franc succès. Cette émission présente des portraits et des témoignages de personnes, souvent très humbles et inconnues, qui ont entrepris des projets sociaux novateurs et bienfaisants ou qui se sont totalement impliquées dans la défense de causes justes.

Les drames et les violences font le plus souvent les grands titres de l’actualité et dominent les films et ouvrages de fiction. Lorsqu’on parle de film "d’action", cela signifie souvent que les protagonistes s’entre-tuent, le plus souvent du début à la fin de l’intrigue. Un jeune Américain de vingt ans aura vu en moyenne 40 000 meurtres fictifs à la télévision (dont 8000 avant l’âge de 12 ans) alors que, fort heureusement, dans la vie quotidienne, peu d’entre nous ont été les témoins directs d’un meurtre. Il ne faut donc pas s’étonner que nous souffrions de ce que les Anglo-Saxons appellent le "syndrome du mauvais monde", autrement dit l’idée que nous vivons dans un monde essentiellement hostile, peuplé d’individus égoïstes qui ne tendent qu’à favoriser le plus possible leurs intérêts personnels, même si cela implique de sacrifier le bien-être de ceux qui les entourent. Il est donc d’autant plus essentiel de présenter une vision plus proche de la réalité, qui mette l’accent sur les innombrables gestes de bienveillance, d’entraide, de coopération et de solidarité qui tissent notre quotidien."

Matthieu RICARD, 17 juin 2013

07 juin 2013

FORMATION A L'HERBORISTERIE FAMILIALE

FORMATION A L'HERBORISTERIE FAMILIALE

avec Annie DIJOUD

 

Au Jardin de la Tisanière à Saint Pierre de Genebroz (à coté de Les Echelles en Chartreuse)

 

 

"Au delà de la connaissance des simples, un art de vivre en harmonie avec la nature qui nous nourrit et nous soigne."

 

Voir pièce jointe : brochure Annie formation en 3 ans.doc

 

 

02 avril 2013

A Lyon, les Gars-Pilleurs font leurs courses dans les poubelles

Faire les poubelles pour y trouver à manger, voilà qui n’est pas nouveau pour qui connaît le mouvement des freegans. Mais organiser des distributions gratuites de récupération alimentaire pour dénoncer le gaspillage de nourriture encore bonne à manger, voilà qui est plus nouveau. Focus sur un mode d’activisme et de sensibilisation lancé par le mouvement des Gars Pilleurs, à Lyon.

Récoltes urbaines

Gars-Pilleurs.jpg

L'un fait de la récup' pendant les fins de marchés depuis un an et demi. L'autre se nourrit aussi depuis de nombreux mois avec les déchets de supermarchés et boulangeries. Tous deux ont pris pour habitude de chercher ensemble des aliments souillés, périmés et invendables. Mais ils récupèrent tellement de nourriture encore bonne à manger dans les poubelles des supermarchés situés dans les alentours de Lyon qu’ils ont décidé de redistribuer le fruit de leur récolte urbaine.
Leurs techniques, pour récupérer les aliments ? Commencer par les fins de marché ("le plus simple"), puis les boulangeries ("entrez par le digicode ou être tôt le matin avant les éboueurs") et enfin les supermarchés où les poubelles sont accessibles facilement.
"Nous récupérons les denrées et quelques heures après nous les redistribuons, et si la chaine du froid est coupée, ce n'est que quelques heures, ce qui n’endommage pas l'aliment", explique les deux gars pilleurs qui ne sont jamais tombés malades à manger ainsi. Et c’est d’ailleurs une question de bons sens : au nez, à la vue et avec quelques astuces on sait dans quel état d’avancement est le produit.
Lors des redistributions qu’ils organisent dans le centre de Lyon, ils rencontrent tout type de public : "s’arrêtent les passants qu’on interpelle, mais aussi des étudiants, salariés, retraités, chômeurs, mais aussi élus, sdf, roms, etc." expliquent les deux jeunes hommes qui constatent que les gens ont entendu parler du gaspillage alimentaire et connaissent les chiffres, mais sans avoir conscience, visuellement, de ce que cela représente.

 

Photo : Yann Deva

"Là ils peuvent même la manger !"

Des yaourts bio aux poireaux en passant par une orchidée, du lait et des croquettes pour chien, ce qu’ils ont étalé mardi 21 mars dernier lors de la distribution organisée place Ambroise-Courtois (8e) a de quoi faire réfléchir. Au total, pas moins de 230 kilos de nourriture étaient gratuitement distribués. Sur place pour 20minutes Lyon, la journaliste Anne Dory a pu interroger les personnes venues à la distribution :

"ça nous ouvre les yeux sur la réalité d'un monde qui doit changer", constate Nicolas, 42 ans, qui repart chez lui avec de la bière, des barres de céréales et des pâtes. Pierre, lui, avait été mis au courant de la distribution via les réseaux sociaux. "Ça m'arrive de faire les poubelles des magasins quand c'est la dèche", confie ce chômeur de 24 ans. Il remplit son sac de nourriture à côté d'étudiants et de personnes âgées aux maigres retraites. "C'est honteux de jeter tout ça quand on voit le prix auquel on nous le vend", s'insurge Maria, 63 ans, qui peine à vivre avec ses 1 000 euros par mois.

 

Photo : Yann Deva

Avec leur démarche, les deux lyonnais souhaitent sensibiliser le grand public et changer le regard sur les modes de production : "Dirigeons-nous vers la sobriété. Redéfinissons les pratiques d'achats, dirigeons nous vers les circuits-courts, les  produits sains et biologiques, les matières premières nobles et recyclables. Nous nous sommes dirigés vers la nourriture car son obtention reste assez simple, mais nous aurions pu prendre les voitures de la prime à la casse et les distribuer de la même façon..." expliquent-ils.
Comme mentionné déjà ici, chaque année, les Français mettent 1,2 million de tonnes de nourriture à la poubelle, ce qui représente environ 20 kilos de déchets par personne et par an. Sur ces 20 kilos d'aliments gaspillés, explique l'ADEME7 kg sont encore emballés et 13 kg sont des restes de repas ainsi que de fruits et légumes.

La récup’ dans les poubelles en pratique

Mais au fait, à qui appartiennent les déchets ? Est-ce illégal de fouiller dans une poubelle ? D'après les discussions que j'ai pu avoir avec des adeptes de la récupération, alimentaire ou non, l’enjeu est de savoir si le déchet est considéré comme res nullius, n’appartenant à personne, ou res derelictae, sans maître, puisque la volonté de leur propriétaire est clairement exprimée : il a voulu abandonner ces objets. Et donc le premier qui le récupère en fait sa propriété (code pénal)...?
Pour Maude Frachon, au fait des pratiques du freeganisme, de la récup et du glanage a épluché tant bien que mal les articles de lois sur le sujet. Sans avoir de certitudes exactes, elle conseille posséder sur soi une lettre de décharge pour dédouaner les anciens propriétaires en cas de problème (intoxication alimentaire par exemple), du type:

"Je soussigné-e .......né-e le....à.....atteste sur l'honneur ne pas porter plainte contre les anciens propriétaires des déchets trouvés à.......et que leur ingestion relève entièrement de ma responsabilité. Je suis conscient-e que cette attestation pourra être produite en justice et que toute fausse déclaration de ma part m'expose à des sanctions judiciaires. Fait pour servir et valoir ce que de droit. Date, lieu, signature".

"L’essentiel est de ne pas pénétrer sans autorisation sur une propriété privée, ne pas souiller de détritus l'endroit en question", souligne la jeune femme en évoquant l'interdiction de fouille des poubelles qui a pu tenter certaines communes comme Nogent-sur-Marne par exemple, alors que le glanage est une pratique de toujours.
C'est le chiffonnage (le fait de faire de la récup' et de la vendre ensuite) qui est interdit en revanche.

Et pour le reste alors ?

Sachez qu’il n’y a pas que la nourriture qui se gâche! Et c’est pour sensibiliser et mobiliser les entreprises au don de leurs produits invendus que l’Agence du don en nature organise depuis lundi et jusqu’au 29 mars 2013 la première "Semaine du Don en Nature".
L’association collecte auprès des entreprises (l'Oréal, Etam, Célio, Seb, P&G) des produits neufs invendus (fins de séries, fin de promotions, changements de packaging) afin de les redistribue à des associations caritatives qui aident les plus démunis (Les Epiceries Sociales et Solidaires, SOS Village d'Enfants, l'Armée du Salut, les Centres d'Hébergement du Groupe SOS, les Apprentis d'Auteuil et quelques structures régionales).
"Près de 400 millions de produits qui sont détruits chaque année en France", rappelle l’Agence qui a déjà redistribué pour 22 millions d'euros de produits neufs. "Depuis 2009, notre initiative permet de redistribuer des produits qui étaient voués à la destruction, elle évite le coût énergétique de destruction de milliers de tonnes de marchandises tout en ayant un impact social auprès des personnes en situation d'exclusion".
Parmi les produits les plus invendus en quantité, et donc les plus collecté par l’Agence: les produits d’hygiène et entretien, les jouets et la puériculture, les fournitures scolaires.
Et les produits dont ils ont le plus besoin ? Les produits d’hygiène et entretien, mais aussi le petit électro-ménager, la puériculture, la vaisselle et le linge de maison.
Des initiatives à suivre donc, non ?

Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter

Pour aller plus loin

++ Le blog des gars pilleurs et leur page Facebook pour se tenir au courant des distributions hebdomadaires organisées par le collectif. Le 6 avril 2013 ils devraient organiser un événement avec les Disco Soupes.
++ Alimentation: la chasse au gaspi est lancée et Grande (sur)-bouffe, les clefs pour comprendre et agir
++ Un rappel sur les dates limites de consommation